Un coup de jeune pour votre spi
Les spinnakers réalisés en tissus légers nylon vieillissent assez rapidement. L’effet combiné du ragage qui brise l’enduit d’apprêt et des UV qui modifie la structure moléculaire, fait perdre au tissu ses caractéristiques mécaniques d’origine, en particulier son module d’allongement[i].
En navigation, on observe ainsi une déformation sous l’effet du vent, par rapport au profil initial. Cet allongement crée une « poche » locale en particulier à proximité du galon, qui est particulièrement néfaste sur la chute pour les performances, en provoquant une fermeture excessive.
Vous pouvez l’observer au largue serré, en jetant un coup d’œil sous la Grand voile !
Nous allons donc procéder au « dégalonnage » du spi, de façon à réadapter sa tension, suite au vieillissement.
Commençons par découdre le galon sur la longueur de la chute; l’utilisation d’un « découd-vite » permet de gagner du temps, la couture étant en général un point zig-zag. On coupe ainsi un des fils de couture.
Un découd-vite permet de gagner du temps
Le fil sur l’autre face va se retirer simplement sur toute sa longueur en tirant dessus. Pour la face où l’on a passé le découd-vite, le fil est malheureusement coupé en petits bouts, et il va falloir les éliminer un par un à la main : opération fastidieuse ! Je conseille de ne pas découdre dans les renforts, ce qui n’est pas nécessaire.
On coupe ensuite le galon à un des bouts.
Avant de réaliser un remontage, il est nécessaire de bien remettre à plat le tissu du spi le long de la chute. Un repassage au fer (température Nylon), donne un bon résultat.
Attention à la température du fer
On va ensuite installer le spi sur un plancher bien plat, et tendre très légèrement le tissu entre le point de drisse et le point d’amure, et bloquer en position soit avec une forte bande adhésive ou des poids. Replier le tissu de la voile au plus prêt de la chute, de façon à absorber le creux du tissu : il convient d’avoir la ligne de bordure le plus à plat possible sur le plancher, sans plis.
On replace ensuite soigneusement le galon en relâchant de quelques centimètres, en fonction de l’usure (le galon doit rester un peu plus tendu que le tissu du spi). Attention de ne pas dépasser la longueur maxi de la chute (4360mm). Bloquer le bout libre du galon en position avec le tissu de spi au sol, afin de conserver cette tension lorsque l’on va mettre en place le galon le long de la chute.
Une bande adhésive double face peut être mise sur le galon pour assurer une tension également répartie sur toute la longueur de la chute, ou a défaut un scotch transparent qui se retire très bien après couture. Apporter une attention particulière au positionnement du pli du galon en bordure du tracé de la chute de la voile, de façon à obtenir une régularité correcte du bord d’attaque.
Il reste ensuite à passer sous la machine à coudre. Une machine de maison est suffisante pour un spi, compte tenu des épaisseurs en jeu. Utiliser de préférence le point Zig-Zag (ou mieux le triple point Zig-zag, idéal sur les tissus synthétiques qui ont tendance à plisser), et du fil spécial Nylon pour les voiles. Il faut ensuite rajouter un petit bout de galon, en recouvrement sur la zone manquante, et le spi peut reprendre du service avec ses performances de jeunesse ! Bien entendu il faut faire cette opération symétriquement sur les 2 chutes.
Le travail prend entre 2 en 4 heures, suivant votre expérience.
A vos ciseaux ! Bon courage…
[i] Le tissu est constitué de 2 réseaux de fils parallèles croisés : la chaine – dans le sens de la longueur de la pièce de tissu, et la trame dans le sens perpendiculaire –sens de la navette sur le métier à tisser. Ceci constitue deux directions privilégiées de résistance et de raideur du tissu. Dans le sens diagonal, les caractéristiques sont beaucoup plus faibles (on parle de matériaux orthotrope) et en particulier lorsque que l’apprêt disparait, la rotation relative est facilitée entre chaîne et trame et diminue la raideur dans cette direction.
En général, les bandes de tissu utilisées pour le « Galon » sont réalisées dans des tissages plus serrés, sont plus épaisses et en double ce qui leur donne des caractéristiques d’allongement plus faibles que le tissus. De plus sur les spis de 470, le plan de découpe des laizes est horizontal ce qui donne en dehors des panneaux centraux un angle entre la trame et le galon, qui accentue la différence d’allongement. Si cette différence de rigidité donne de la stabilité sur un spi neuf, après usure, la différence devient trop importante et la tension du galon doit être diminuée.