CIP 2017 à Marseillan
UN PETIT CHANGEMENT DE PRESSION!
Tout d’abord pour ceux qui ne connaissent pas, Marseillan est situé entre Agde et Sète en bordure de Méditerranée. Le plan d’eau est sur un lac ouvert à la mer qui s’appelle l’Etang de Thau. Les particularités de ce plan d’eau sont que la profondeur ne dépasse pas 2 mètres et le bassin mesure 4km de large sur environ 18km de long. Au passage on y cultive des huîtres. Au printemps la région est bien connue pour des coups de vent comme la Tramontane qui peut monter à plus de 25nds, mais l’avantage de l’étang par rapport à la haute mer est que l’eau reste – relativement - très plate. On se souvient tous des vagues importantes au Cap d’Agde ou aux Sablettes (quand le vent se lève le retour à la plage ou l’entrée dans le port est assez sportif, pour le moindre).
On arrive le mercredi après-midi sous un soleil radieux où il fait déjà 18 degrés, pour voir plusieurs 470 évoluer sur le plan d’eau juste devant nous. On a quelques bricoles à faire et au moment où on décide d’aller faire un tour, tout le monde revient à terre, sauf nos deux compères Gildas & Philippe et Bernard & Gilles qui restent encore 30 minutes sur l’eau. Le parking bateaux est bien situé très proche du clubhouse et une petite pente de 6 mètres nous sépare de l’eau. Les véhicules sont garés à proximité, donc tout va bien pour le bricolage et les trucs qu’on oublie dans la bagnole.
Notre ami Alain Blanchard a troqué son 470 pour un superbe Dufour 365 qui sera notre bateau arrivée et abritera en grand confort ces bénévoles. Apéritif à bord !!! C’est pratique il est mouillé à un ponton à 50 mètres du club.
Nous sommes 25 bateaux en tout avec les pôles France presque au complet et des équipes de Suisse, Israël, Japon, Italie, Malaisie, et des « faux » Croates, qui ajoutent de la couleur à l’assemblée. Avec tous ces jeunes équipages au sommet de leur art s’ajoutent trois vénérables représentants de la flotte française. Je l’ai déjà dit mais je vais le répéter, je pense que la voile en 470 est un des rares sports où le régatier du week-end peut participer à la même compétition avec le même équipement aux cotés des grands champions en titre des JO et Championnats internationaux.
OK, on se jette dans la gueule du loup et on se met la pression ; avant de commencer on sait que nous n’allons pas rester à leurs cotés pendant tout le parcours, mais on peut terminer honorablement avec un ou deux équipages derrière nous sur une manche, voire mieux si on a très bien navigué. Le grand « plus » c’est de pouvoir discuter et échanger avec eux sur le parking, car c’est là où on trouve toute la convivialité des rencontres internationales et inter-générationnelles.
Le lendemain, nous sommes envoyés sur l’eau pour un départ à 14h00. Les parcours vont finir par être tous du type banane avec bouée de dégagement en haut, des portes en bas, et un largue pour atteindre l’arrivée. Il fait un temps magnifique avec un vent au 310 variant de 8 à 12nds. Avant le départ on observe des oscillations assez marquées, mais surtout des zones de molles. Il va falloir à tout prix les éviter car on est plus lourds que les petits gars et les crevettes qui sont au poids d’équipage mini pour ce support. On ne se débrouille pas trop mal sur les deux premières manches, mais on peine à rester avec le paquet lors des seconds tours. Cependant si on ne les fait pas attendre, on joue plutôt entre nous sur les fins de parcours.
Sur la troisième manche on est un peu plus inspirés et on finit notre premier bord du bon coté - je dois avouer un peu par hasard, car dans un premier temps on cherchait à se dégager après le départ et ce faisant nous avons viré deux ou trois fois assez rapidement mais chaque fois sur de belles adonnantes. Tout d’un coup on sort bien dégagés du bon coté, la pression arrive, et nous virons la bouée au vent, dans les quinze premiers ! On se fait doubler par deux ou trois bateaux sur le bord vent arrière mais tenons notre place lors du second tour pour finir 14ème (tenant compte de 4 OCS – oui, la pression est là pour les jeunes équipages car la CIP est « sélective » pour les Championnats d’Europe). Bernard et Gilles ont été plus réguliers et finissent la journée devant nous aux points, et nous avons 3 points d’avance sur Gildas et Philippe
Arrivés à terre on fait la queue pour le rinçage, car l’eau de l’étang est très salée, en dégustant une barquette de pâtes offerte par le club. Le soir le club nous offre un pot d’accueil avec huîtres fraîches et vins du pays. Une superbe fin de soirée.
Le lendemain, premier départ à 11 heures. Le vent est sensiblement plus ouest mais pareil en variation de force entre 8 et 15 nds. Nous sommes beaucoup moins inspirés et terminons derniers sur les trois manches pour finir à égalité de points avec Gildas et Philippe en fin de journée. Bernard et Gilles ont fait une très belle dernière manche. Partis à droite au Comité ils ont réussi à rester dans le rythme avec les meilleurs sur la première partie du bord. Coup de chance pour certains, mais prévisible pour d’autres, le vent à viré du 270° au 340° accompagné d’un gros coup de pression venant de la droite du parcours. Pour nous qui étions à gauche, l’ado a fait que nous arrivions presque à faire la marque au vent d’un seul bord, mais c’est la pression qui tue et tous ceux à notre droite la touchent en premier, et descendent sur la bouée au vent, au bon plein au planing. Il ne nous reste qu'à regarder le train passer. Bernard et Gilles sont dans le paquet et s’en sortent bien, terminant la manche en 9ème place. Au classement général, c’est l’équipage Gildas Philippe et Jérémie Mion qui mènent la danse. C’est bien de voir que les entraîneurs n’ont rien perdu de leur génie.
Pour samedi les prévisions météo indiquaient un vent variable entre 12 et 24 nds, mais le matin quand on part sur l’eau sous un ciel couvert pour le départ à 11h00, le vent est plutôt en régime bas de la prévision avec toujours des molles. Les deux premières manches sont assez classiques pour notre équipage, on a la sensation d’aller relativement vite mais on tombe régulièrement dans les molles. On arrive néanmoins à coller aux derniers sans pouvoir faire mieux. Bernard et Gilles éprouvent la même difficulté et sont juste devant, ou bien une place plus loin, Gildas et Philippe juste derrière nous.
En début d’après midi après un départ annulé suite à une forte rotation du vent dans les deux minutes, le Comité nous fait patienter pendant que le vent se stabilise. Progressivement le vent se stabilise en direction vers le 310° et monte en puissance. Tous les bateaux effectuent les réglages qui conviennent, augmentation de la quête et ou fermeture des barres de flèche. La mer reste assez plate en dépit des belles risées qui montent maintenant à 23nds ; celles-ci sont entre coupées par des molles relatives à 12nds, où on a vraiment l’impression de ne pas avancer et où l’équipier revient au petit trapèze.
Les jeunes sont un peu plus légers et régulent beaucoup plus rapidement que nous, mais dans les risées les conditions demandent de l’habileté, surtout sous spi aux empannages. Notre équipage réussi à garder le bateau debout et sur la troisième manche Bernard et Gilles nous font le cadeau de dessaler 100 m devant nous à la dernière bouée.
Le Comité décide de lancer une 4ème manche et c’est reparti pour un même combat, sauf que cette fois c’est Paola et Pauline qui nous font le cadeau d’un ennui quelque part sur le parcours. Avec le vent fort la flotte est assez serrée, la moindre erreur coûte très cher en places. Bernard et Gilles prennent un bon départ au Comité et leur bateau parfaitement réglé pour les conditions, associé à quelques années de technique, leur permet de tenir le rythme des meilleurs sur tout le parcours pour obtenir une 9ème place bien méritée. C’est au tour de Gildas et Philippe de passer une journée décevante avec des bonnes places en début de journée gaspillés par de petites erreurs de manœuvre (le bateau n'avance pas bien du tout avec le bras de spi sous la coque!!!). Sur le chemin du retour le vent forcit encore un peu et Alain Blanchard enregistre des pointes à 24 nds. Mais sur l’eau on a l’impression que c’est plus fort que ça.
Le plat chaud de pâtes à la bolognaise est plus que jamais apprécié. Pour nous, qui naviguons une trentaine de jours par an et qui cumulons le poids des années, les deux dernières manches ont bien tapé dans nos réserves et nous sommes éreintés et courbaturés.
Pour le dimanche de Pâques la convocation est une heure plus tôt que l’habitude et nous avons la surprise de trouver des œufs de Pâques en de-bâchant nos bateaux (un petit geste très apprécié, « coup » de Gildas notre président). Sachant que la compétition compte 12 manches il ne reste plus que deux à faire. Le vent souffle toujours fort, le plan d’eau est bien moutonné, mais le ciel est dégagé.
Bernard et Gilles restent encore compétitifs par ce vent et obtiennent des places de 15 et 13. Nous sommes un cran en dessous, mais comme la veille on reste debout sous spi, même si nous essuyons une trempette au vent lors d’une molle sur le bord de près, nous profitons encore des ennuis de nos concurrents pour creuser un petit peu l’écart avec Gildas et Philippe, qui dans les mots du barreur ont atteint un peu les limites de leur faible expérience de navigation ensemble.
Au classement général avec des performances régulières et une mauvaise place de 10 qui saute à la deuxième manche ce sont Hippolyte Machetti et Sidoine Dantès qui creusent un écart de 5 points avec leur rivaux Philippe Gildas et Jérémie Mion. A noter une belle troisième place pour Gideon Kliger et Yoshitoka Miho dans JPN 1. Gideon est l’entraîneur de l’équipe japonaise et a remplacé la barreuse indisponible. Un bon moyen selon lui pour voir des choses dans le bateau que l’on ne voit pas depuis le zodiac de l’entraîneur. Et oui, il faut le dire, encore un entraîneur qui n’a pas perdu la main. Au passage on souhaite bien des choses au couple Gideon Kliger et Camille Lecointre qui attendent un heureux événement cet été.
Pot de départ avec pour la 3ème fois toujours huîtres fraîches et vins du pays si appréciés!!! Toujours un must !
En conclusion, c’était une très belle régate. Les membres de l’organisation forts sympathiques et efficaces dans une ambiance « relax », un plan d’eau assez dégagé et pratique à tous points qui permet en plus de faire courir des manches même quand le vent souffle un peu. Un parking proche des bateaux, les zodiacs des entraîneurs à 20 mètres du club, des hébergements pas cher à proximité et un comité de course qui connaît bien son métier.
Puisque les concurrents avaient tous l’air d’avoir apprécié le lieu et l’organisation, l’AS470 France va tenter de renouveler l’expérience avec le club pour au moins l’édition 2018.
Sur une note plus personnelle, quel pied de naviguer aux cotés des meilleurs. Il y avait plusieurs moments où on à été ébahis par la beauté de manœuvres parfaitement exécutées deux ou trois mètres devant nous. Et puis aussi des moments de plaisir intense alors qu’on arrivait sur quelques centaines de mètres à suivre le rythme en vitesse et cap d’un champion du monde avant qu’un petit changement de pression ne vienne tout gâcher !
Vive le 470 !
Sportivement
Bob Austin, FRA 2732 Mackay Mouse
Crédit photos Aribert RINNERT