Edito automne 2012
EDITO - 10/2012 - Pour remettre en place la pratique du dériveur en double!
Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ? (Air connu…) Qu’est ce qu’on attend pour faire naviguer tous nos bons 4’7 ?
La question revient toujours : pourquoi tant de bateaux restent bâchés au fond de garages n’accrochant plus que les rêves de leurs anciens équipages? Et comment les réveiller ? Pourquoi si les anciens n’ont plus la forme pour continuer à naviguer, ne savent-ils transmettre le flambeau aux jeunes générations? Ces bateaux superbes ne seraient soit disant plus capables de donner de plaisir au seul titre qu’il n’y a plus l’étiquette « nouveau » taggée dans les voiles ? Il faut être bien aveuglés par les démons de la toute puissante fuite en avant du « toujours plus » pour y croire. D’ailleurs on avait déjà conscience des limites du « toujours plus » il y a 50 ans à la création de notre bateau quand André Cornu a conçu ce bateau « du juste milieu » entre le Vaurien et le 420 d’un coté, et le 5O5 et le FD de l’autre. |
Pour ma part si j’ai fait mes armes sur petit côtre et croiseur côtier, puis plongé dans la planche à voile classique puis funboard, au final j’ai acheté mon 1er 470, sur le tard, en 96. Et là, je dois dire que ce fut immédiatement le très grand plaisir.
D’abord il y a la glisse. J’avais comme oublié que le dériveur était tant donneur de sensations! Certes, la PAV a fait le « hold up » de la glisse il y a 30 ans et en a assommé toutes les autres pratiques. Retour des choses, c’est maintenant c’est le Kite qui l’assomme à son tour… Mais pour être sorti en 470 dans 20 à 25nds en mer au milieu de ces planches et Kites, à fond, au travers, au planning à coté d’eux, je peux vous dire qu’il y avait du monde à tourner autour de mon bateau au retour sur la plage de Wissant. Leurs yeux et leurs réflexions suffisaient à nous dire que votre 470 est totalement dans le coup. Parce que « le coup » c’est alors juste de sortir à fond dans les vagues, quand la mer est blanche, et d’y tracer un sillage énorme. Et ça, en 470 on sait sacrément le faire ! Des vitesses au dessus des 20nds, ce n’est pas tous les jours, bien sur, mais ce n’est pas inconnu pour les plus entraînés. |
Ensuite il y a le plaisir de naviguer en double.
Et ça, c’est le double de plaisir ! Il y a toujours un pour allumer l’autre, pour envoyer son cri de guerre, ou d’extase, ou se marrer de voir l’autre en prendre plein le pif sur une bonne vague, et j’en passe…C'est le plaisir d'embarquer un pote de son âge, comme la richesse de tous les croisements de générations... C’est aussi une extraordinaire école de la tolérance, du travail et de la progression d’une équipe, on ne le dira jamais assez dans notre monde et il est dommage que nombre d’écoles de voile et clubs de sport oublient cette dimension éducative de leur travail et cèdent à la facilité en aiguillant vers les solitaires.
A deux on peut aller plus haut, mais encore faut-il apprendre à s’écouter, comme à se parler, à ne pas s’engueuler, et à se réconcilier quand c’est sorti quand même, à faire avec les (grandes) capacités et les (petits) défauts de l’autre,… On partage les réussites comme on apprend à transgresser les échecs… C’est une sacrée école pour la vie, c’est énorme, et au fond c’est peut-être la raison majeure pour laquelle il faut promouvoir notre sport.
Mais ce n’est pas tout. Notre pratique de la voile légère a encore d’autres atouts énormes.
Pas obligatoire de passer par les apprentissages, ingrats, de la PAV ou bien non exempts de danger du Kite: un débutant harnaché d’une ceinture de trapèze pourra être emmené par un barreur confirmé et se prendre pour le roi de la glisse dès ses premiers bords de planning en mer.
Vous me direz alors qu’avec les nouveaux dayboats en forme de luge vous voyez aussi les mêmes plannings sur les photos. Mais justement, ça c’est sur les photos! Elles ont été prises dans des instants bien plus parcimonieux que sur nos bons dériveurs. Normal, d’ailleurs quand vous en avez comparé les poids. Nous, la glisse, c’est tout le temps ; dès 12nds de vent…
Notre bijou ne manque pas de puissance !
Alors évidemment on peut passer au bain, là où ces autres se contentent de passer « au tas » ; mais avec un minimum d’expérience faut vraiment que ça cogne pour qu’on y aille… Notre doyen (74ans) vous tiendra en respect derrière même avec plus de 20nds de vent
Ce n’est pas comme ces engins de funambules sur-boostés, qu’on nous présente comme nous ringardisant d’emblée. Mais honnêtement, ils sont hors de portée du plaisancier moyen. Tout le temps à la baille! Certes ils vont planer plus tôt que nous et à ce moment nous n’existerons plus. Mais dès que nous planerons aussi, l’écart disparaîtra, et avant les 20nds de vent ils seront rangés sur les terre pleins, là où les équipages les plus aguerris d’entre nous seront toujours à jouer jusqu’à 35nds. |
A la baille, on fera aussi la différence entre un 470 et un catamaran, qui lui aussi peut avoir ses adeptes. Mais dessalez avec les deux et mesurez le temps et les efforts qu’il faut pour les deux. Il n’y a pas photo, et je me sens ainsi nettement plus en sécurité sur notre engin.
Petit bateau, petit souci vous diront alors tous les pratiquants du lourd… Et petit budget, aussi. Un bateau pourra être neuf pour nos champions, mais pour les autres c’est complètement inutile. Un vénérable Roga coûtera moins de 1000€, un KD ou un Fountaine qui restent d’excellentes bases, un peu plus du double, et pour moins de 5000€ ce n’est plus le bateau qu’il faudra invoquer pour vos classements. Faut compter aussi le prix d’une bonne remorque mais qu’est ce que c’est à coté des frais d’anneau, ou de gardiennage, ou de carénage. Un jeu de voiles à l’occasion, mais justement « d’occasion » nos pôles nous revendent des voiles encore moins cher.
Aussi léger, se déplacer pour profiter des plus beaux plans d’eaux ou retrouver tous les amis n’est pas un problème. Pas de souci de convoyage. Nous avons pu avoir le plaisir de découvrir plein de régions que nous aurions bêtement dédaignées sinon.
Et gréer un 470, reste autrement plus facile et rapide que de monter et gréer n’importe quel catamaran, bien souvent pour cela condamné à la sédentarité. La moindre fenêtre météo peut alors être exploitée même hors saison, le bateau n’étant jamais « désarmé ».
Quant à la pratique collective, qui peut mieux avec une telle flotte monotype ? Faut-il rappeler les axiomes?
La monotypie, c’est permettre de comparer les choses comparables, sans se prendre la tête dans des ratings forcément toujours faux, et incompréhensibles pour le spectateur lambda. La monotypie, ça nous permet de très facilement s’apprendre les uns aux autres à tirer le meilleur parti de nos bateaux. Bord à bord, c’est quand même plus facile de voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Série Olympique depuis tant d’années, nous avons en plus la chance d’avoir champions et entraîneurs qui tirent vers le haut toute la pratique de notre classe. Les sessions d'entrainement sont pour tous. |
La monotypie, ça nous permet de naviguer avec des bateaux de plus de 10 ans, sans devoir racheter une fortune le dernier modèle sorti – et d’éviter de se retrouver déclassé du jour au lendemain comme ce qui se passe chez les cata de 18pieds (ce qui au final écoeure les gens et vide les rassemblements).
La monotypie, ça nous permet de fonctionner avec un marché de l’occasion actif, que ce soit pour les coques ou que ce soit pour tout le reste. Plus de 12700 bateaux immatriculés à ce jour en France! Il y en a donc partout !
D’ailleurs pour se persuader de l’intérêt de notre série, il suffit de faire le tour des terre-pleins des clubs hors écoles de voile, et de compter. D’accord il y a les catas. Mais combien de la même série ? Et ensuite vous aurez nos dériveurs en double. Les anciens, parce que les dits « nouveaux dériveurs » ne sont là que dans un nombre anecdotique. Pas un n’a encore réussi à percer. Et pour cause, ils ne font pas mieux; pire ils ne font que diviser les flottes, et perdant leur intérêt sportif les rassemblements se vident.
Alors faisons simple, utilisons ce que nous avons déjà en grand nombre, ressortons de nos garages tous ces bijoux qui n’attendent que ça.
Et prenons notre plaisir là où il nous attend. L’AS 470 France vous attend ; elle vous propose de grands rendez vous de plaisir pour 2013, la CIP à Agde, les Promotour et Eurocup avec la Mirabelle, avec en apothéose aux 50 ans du 470 avec la fine fleur des marins de La Rochelle - Jeunes, Master, et Mondial Open. Vous avez tout l’hiver pour vérifier et préparer bateau, remorque et équipage. On vous attend ! Tous! Celui qui manque a perdu! Gildas POULIQUEN, (celui que vous avez poussé sur le caisson de votre présidence...) |