AS 470 FRANCE
09 Avr2015
Victor Kovalenko 2008
De gauche à droite : Malcom Page, Tessa Parkinson, Victor Kovalenko, Elise Rechichi, Nathan Wilmot
Photo David Bell, avec l'aimable autorisation de la 470 Internationale
Interview de Victor KOVALENKO, « le faiseur de médailles »
5 médailles d’or olympiques, trois bronze, 12 titres mondiaux
Introduction :
Après avoir couru en 470 sous les couleurs de l'ex-URSS dans les années 80, Victor Kovalenko, d'origine ukrainienne, a été entraîneur de l'équipe 470 d'Ukraine de 1990 à 1996, puis, en 1997, est devenu entraîneur de l'équipe 470 d'Australie, pays où il a émigré et dont il a acquis depuis la nationalité. A son actif un palmarès impressionnant : 5 médailles d'or et 3 médailles de bronze aux JO, 12 titres de Champions du Monde. Victor a également été de nombreuses années membre du comité de direction de la 470 Internationale où il a pu notamment oeuvrer à former les entraîneurs des pays émergents en 470. Il était ces deux dernières années Vice-Président de la 470 Internationale. Il vient d'être nommé Membre d'Honneur de la 470 Internationale pour l'ensemble de son action en faveur de la pratique du 470. Victor KOVALENKO a encore frappé!
Par Rick Van Wijngaarden
« Un marin qui atteint le haut niveau en 470 peut naviguer sur n’importe quel bateau. »
Victor KOVALENKO a ajouté deux médailles d’or à sa collection à Qingdao, qui font au total cinq médailles d’or, et trois de bronze, sans parler de douze titres mondiaux et neuf victoires en championnats d’Europe en tant qu’entraîneur. KOVALENKO semble avoir la capacité magique d’aider un athlète à faire de son rêve une réalité.
Dans cet entretien, KOVALENKO, probablement l’un des entraîneurs les plus titrés du monde, partage son expérience et ses réflexions depuis Sydney 2000 et donne sa vision de la voile olympique.
En plus de réaliser les espoirs des athlètes et de gérer leur campagne, KOVALENKO garde son ambition personnelle d’ajouter des titres olympiques à sa carrière, en d’autres mots : faire des médailles.
Il n’y en a pas eu pour l’Australie en 2004, bien que Nathan WILMOT et Malcom PAGE (médaillés d’or aux Jeux de Pékin 2008, ndt) aient gagné leur premier titre mondial seulement quelques mois avant les Jeux.
« Nous n’avons pas eu de chance. WILMOT et PAGE ont été disqualifié sur une manche en début de régate. Dans ce genre de situation, vous prenez des risques pour garder des chances de médailles.
Belinda STOWELL est tombée malade au début, et a transmis le virus à Jenny ARMSTRONG qui a été malade à la fin.
J’ai bien sur mes propres objectifs. Surtout après Athènes, c’était un sacré challenge» explique KOVALENKO.
Elise Rechini et Tessa Parkinson
Et le succès arrive. Dans la brise du Mondial ISAF, à Cascaïs, les Australiens gagnent leur troisième titre mondial. RECHICHI et PARKINSON (médaillées d’or aux Jeux de Pékin 2008, ndt) atteignent la medal race (course finale des dix meilleurs, comptant double, ndt), mais la puissance du duo néerlandais DE KONING et BERKHOUT (médailles d’argent aux Jeux de Pékin 2008, ndt), championnes du monde 2006 dans du petit temps et depuis devenues championnes pour la troisième fois consécutive, dans des conditions fortes, a laissé les Australiennes dans l’incertitude des pronostiques olympiques.
Un mois plus tard, WILMOT et PAGE gagnaient le dernier Test Event à Qingdao, de même que Elise RECHICHI et Tessa PARKINSON dans leur catégorie.
Victor KOVALENKO, qui parle rarement de lui ou du succès de ses poulains, souligne ce qu’il faut à un entraîneur pour mener ses athlètes au succès.
« Quand je travaille avec des gens, j’essaye de regarder dans leur esprit, d’explorer leurs capacités et de les développer. En tant qu’entraîneur, vous devez aussi être capable d’organiser un programme, et il y a beaucoup de critères à prendre en compte. L’année 2007 a été la plus dure. Nous nous sommes préparés pour deux événements majeurs. Une régate de brise au Mondial Isaf à Cascais, et une régate de petit temps, un mois plus tard, au Test Event de Qingdao. En 2008, c’était beaucoup plus simple ».
« Faire du 470 à un niveau olympique demande tout ce qui fait d’un sportif un athlète. Il faut de l’entraînement, des facultés d’analyses, des compétences techniques et tactiques, une connaissance de matériel et de l’aérodynamique.
Faire marcher un 470 demande une implication totale du cerveau et du corps.
Avec toutes les compétences et connaissances acquises dans une campagne sportive en 470, on peut faire marcher n’importe quel bateau et gagner.
Il y a un mois, Nicolas CHARBONNIER (médaille de bronze aux Jeux 2008) a participé à une régate de multicoque à Valence et terminé second. Il y a tant d’exemple de régates où des quatseptistes ont eu, et continue d’avoir, du succès comme en 49er, en Star ou en Tornado.
Comme le 470, ce sont toutes des séries de hautes performances.
Nathan OUTERIDGE, récompensé en 420, a fait du 470 puis est devenu champion du monde de 49er cette année.
Nathan Wilmot et Malcolm Page
Nathan WILMOT se tourne vers le Star. Pour PAGE, nous verrons.
Je veux continuer avec le 470 pour Londres 2012. C’est un bateau incroyable et ma série favorite.
J’aime la monotypie. Il y a des classes où il est difficile d’acheter un bateau parce qu’ils ont des différences significatives, ou bien ils sont équipés avec des gréements et équipements exclusifs.
Le 470 est construit seulement par quelques chantiers agréés et spécialisés, qui doivent s’efforcer de construire le meilleur bateau avec seulement de très faibles marges de variation à l’intérieur des règles de jauges. Les bateaux sont accastillés avec du matériel qu’on peut trouver dans tout les magasins. Je me rappelle la fois où nous avons emprunté un mat à l’équipe autrichienne et gagné la course. C’est ça la sportivité et la monotypie. »
« Quand les quatseptistes prennent du poids, où qu’ils ont besoin d’un nouveau challenge après une carrière bien remplie, ils peuvent passer en 49er avec toute leur expérience du 470. Les deux séries sont complémentaires, ça ne devrait pas être l’une ou l’autre.
WILMOT et PAGE pourraient faire du 49er avec succès, tout comme les frères néerlandais COSTER.
La discussion sur quel bateau est plus intéressant pour le public n’a pas de sens. La medal race des 49er à Qingdao était atroce. Un désastre pour le sport. Imaginez un grand prix de Formule 1 où toutes les voitures favorites se crashent. Peut-être spectaculaire pour le public mais pas du sport s’il n’y a pas de réel vainqueur.
Un 470 peut être mené dans toutes les conditions, petit temps et forte brise. La medal race des 470 aurait été palpitante dans la brise où s’est courue la medal race des 49er. Peut-être un seul concurrent aurait dessalé et le meilleur aurait été le vainqueur ».
« Et à propos du 470 féminin. La question a été tellement débattue. Qu’est-ce qu’un bateau haute performance pour les femmes ? Un 470 ! Le 29er n’est pas un bateau hautes performances. Le 49er oui. S’il y avait besoin de remplacer le 470, ou d’ajouter un dériveur hautes performances au programme, une telle série devrait accroître le niveau de performance du dériveur en double féminin et la compétition globale par le nombre de pays représentés.
Faire du 470 et atteindre le top demande beaucoup de qualités. Un équipage de 470 peut facilement monter dans n’importe quel bateau et gagner une régate. Si quelqu’un pense qu’un autre dériveur « hautes performances » serait mieux, les meilleurs équipages 470 féminins doivent se mesurer avec une série mature. Les équipages d’une telle autre série doivent être capable de se mesurer au plus haut niveau avec un équipage de 470. Il y a eu plusieurs exemples les années passées qui ont montré qu’un tel dériveur n’existe pas encore.
Il nous faut tenir compte du fait que la série 470 a environ 12 équipages féminins, de toutes les régions du monde, qui concourent au plus haut niveau, en terme de sport en général.
Le développement du sport féminin est une question tellement brûlante. Je ne comprends pas qu’on discute de mettre le 470, en tant que dériveur en double, sur la touche. Je défie quiconque de me donner un autre sport olympique féminin où 33 pays sont représentés au mondial, sans parler du nombre total de pays représentés dans les événements majeurs de la série 470 au cours de la dernière olympiade.
« Le 470, tant pour les hommes que pour les femmes, sera olympique pour longtemps encore, vous verrez ! »
470 E-Times Novembre 2008
Traduction de Nicolas Guichet
